Brimades, harcèlement, et même, violence physique. Dans les cuisines, coulisses souvent discrètes des restaurants, se trament parfois des scénarios terribles. Victimes et témoins de ces comportements “indignes de la profession” commencent à parler pour briser le silence.
Tout commence en avril 2014, quand un site d’information et de critique gastronomique ( Atabula.com) révèle l’histoire d’un apprenti brûlé volontairement et à plusieurs reprises, sur les bras, par l’un des autres membres de sa brigade. Cela se passe dans un très grand établissement parisien. Le coupable est licencié. Mais plusieurs mois plus tard, l’apprenti n’a toujours pas porté plainte. Honte, peur, culpabilité…
Le premier moyen d’aider les victimes, c’est de briser le tabou. De leur montrer qu’elles ne sont pas seules.
Que d’autres vivent, ou ont vécu, ce que raconte par exemple Elodie (source : Fooding.com), victime de harcèlement sexuel dans un bistro à la mode. « Le chef avait un faible pour moi. Ça a commencé avec des mots doux. Puis la relation s’est dégradée. Il me disait que mon « cul » lui appartenait… Il ouvrait le vestiaire quand je m’y changeais… […] Pendant sept mois, l’humiliation a été quotidienne : insultes, four éteint volontairement pour ensuite m’accuser, plaque brûlante mise sous le nez, etc. J’ai voulu résister, je me suis crue plus forte que ça. A tort. » Elodie finit par craquer, fort. Elle vomit pendant trois jours, sans raison. Le médecin l’arrête trois mois. « Aujourd’hui, je me sens incapable de retourner dans une brigade ; rien que de l’imaginer j’ai des angoisses. »
Non, cette violence, ordinaire ou pas, ne fait pas “partie du métier”. Non, ce n’est pas un “rite initiatique”. Non, le “bizutage obligatoire” n’existe pas. Et pour qu’ils cessent de sévir en toute impunité, les responsables doivent être sanctionnés.
Rappel
Le harcèlement sexuel ou moral constitue un délit puni par un emprisonnement de 2 ans et 30 000 euros d'amende.